La base du château remonte à l'époque de Bernard de Cazenac,Images du Périgord tout comme le haut donjon du XIIe siècle et de la partie triangulaire qui le protège. Il fut renforcé au cour du XIIIe et XIVe siècle. Après la Révolution, il est laissé à l'abandon, puis sert de carrière de pierres. En 1969, une importante restauration a été entreprise qui a permis de relever la plupart des bâtiments. Abritant un musée de la guerre au Moyen Age, Castelnaud nous offre un authentique voyage au coeur d'un château fort médiéval.
1 - Le "Chateau Neuf"
Si comme le suggère son nom, ainsi que les vestiges et les textes, le château de Castelnaud s'inscrit bien dans la vague de construction des "Châteaux neufs" du XIIe siècle. Il faut attendre 1214 pour que l'histoire écrite en porte véritablement témoignage.
Lors d'une expédition de Simon de Montfort aux limites septentrionales du comté de Toulouse, plusieurs places fortes, Domme, Monfort, Castelnaud puis Beynac, abandonnées par leurs défenseurs, tombent rapidement aux mains des croisés.
De ces places fortes, seule le château de Castelnaud, est jugé le plus sûr et n'est pas démantelé. Il se voit pourvu d'une garnison. L'année suivante, Bernard de Cazenac, vassal du comte de Toulouse, reprend le château et fait pendre la garnison... Peu après cependant, l'archevêque de Bordeaux assiège et brûle le château de Castelnaud. La châtellenie est désormais sous la mainmise des rois de France.
2 - La Première prospérité
En 1259, le roi d'Angleterre, qui ne possède aucun château en Périgord, obtient de Saint-Louis de louer le château et d'y installer ses propres capitaines, et ce vraisemblablement jusqu'en 1273, date àlaquelle les Castelnaud, prêtant hommage au comte de Périgord, rentrent en possession de leur bien.
Le château, renforcé au nord par une courtine en forme d'éperon et command par un donjon protégeant la porte principale (au-devant de laquelle s'étend alors une première barbacane), devient le centre d'une puissante châtellenie. Si puissante qu'en 1302, lors de la guerre de Flandre, ses co-seigneurs, Raoul et Mainfroy, peuvent rassembler vingt hommes d'armes,soit autant que le comte de Périgord. Non loin cependant, de l'autre côté de la Dordogne, veille une autre place forte, également vassale du comte de Périgord, le château de Beynac. Malgré l'intervention du sénéchal de Périgord en 1308 et du pape qui autorise en 1317 un mariage consanguin entre les deux familles, une longue rivalité s'installe. Elle ne passe au second plan qu'avec l'avènement d'un terrible conflit.
3 - La Guerre de Cent Ans
Durant les premières années de la guerre, le château de Castelnaud, comme tout le Périgordméridional, est situé sur la "grande frontière" entre l'Aquitaine Anglaise et les possessions du roi de France. En 1360, par le traité de Brétigny, conséquence de la défaite française de Poitiers, Édouard III, roi d'Angleterre, obtient une souveraineté inconditionnelle sur toute l'Aquitaine. Bien que la plupart des places fortes du Périgord reviennent néanmoins rapidement dans la mouvance du roi de France. Castelnaud, seule place forte relevant au sud de la Dordogne du comte de Périgord, vassal du roi de France, demeure soumise au roi d'Angleterre. En 1368, la dernière héritière du nom, Magne de Castelnaud, épouse Nompar de Caumont, puissant seigneur Agenais fidèle au roi d'Angleterre. Le château n'est plus dès lors habité et défendu que par des capitaines, tel Bernard d'Abzac, et devient, face à Beynac, l'un des postes avancés des anglais. Cinq fois maîtres de la place au début du XVe siècle, ces derniers en sont chassées à cinq reprises. En 1442, le dernier siège, ordonné par Charles VII et dirigé par six barons, dont le seigneur de Beynac, dure trois semaines, à la fin desquelles le capitaine tenant la place capitule contre une somme de 400 écus d'or. Charles VII confisque les possessions du fils aîné de Nompar, Nompar II ( ce dernier mourra en exil en Angleterre en 1446), pour les donner au cadet, Brandelis.
4 - Le Renouveau
C'est vraisemblablement Brandelis qui, à partir de 1463, entreprend de renforcer le château de Castelnaud, par la construction d'une nouvelle barbacane et l'adjonction, à l'ouest, d'une enceinte extérieure. Après sa mort, son fils François de Caumont fait édifier en 1489, dans la vallée, aux proches Milandes, une résidence plus plus confortable. Au château de Castelnaud, il entreprend également d'aménager les appartements sud et de construire, au début du XVIe siècle, la puissante tour d'artillerie. La vieille forteresse, ainsi rénovée, est alors gardée par des fidèles capitaines, tel Arnaud de Vivans et ses descendants, dont l'un, Geoffroy, devient à la fin du XVIe siècle l'un des plus grands capitaines Huguenots. Et si en Périgord et en Agenais l'histoire du protestantisme est étroitement liée à celle des Caumont, c'est bien Geoffroy de Vivans, qui, notamment par la prise de Sarlat et de Domme, marque l'histoire de ces deux régions. L'importance des exploits de proche compagnon d'Henri de Navarre explique sans doute que le château de Castelnaud, durant cette période, n'ait jamais été inquiété.
5 - Du XVII siècle à nos jours
Bien que Jacques-Nompar de Caumont entreprenne des travaux au début du XVIIe siècle, le château de Castelnaud n'est plus occupé qu'épisodiquement, avant d'être définitivement abandonné durant la Révolution. Le château dépérit dès lors lentement. Mais l'ensemble de ses murs se dresse encore lorsqu'au milieu du XIXe siècle les sommets du logis sud et de la tour d'artillerie sont détruits afin de construire une cale sur la Dordogne.
Classé Monument historique en 1966, le château connaît une importante campagne de restauration qui débute la même année. Depuis 1985, il abrite le musée de la guerre au Moyen Age.