1 – Les origines
Si le passé le plus lointain se perd dans les légendes, son nom est attesté pour la première fois en 1115, lorsque plusieurs seigneurs périgourdins, dont Mainard de Beynac, offrent des terres à Robert d’Arbrissel, fondateur de l’abbaye de Fontevraud. C’est sur ces terres, en pleine forêt, qu’est fondée la même année l’abbaye de Cadouin. De nombreuses donations mentionnées durant le XIIe siècle par le cartulaire de cette abbaye, indiquent que les possessions de la famille de Beynac couvrent déjà un important territoire. perdues au milieu du causse…..
Le fils de Mainard de Beynac, Adémar, qui participe entre 1146 et 1148 à la deuxième croisade, s’éteint, sans héritier direct, en 1194, l’année même où Richard Coeur de Lion revient de captivité.
A cette époque, le castrum de Beynac, dominé par un donjon de pierre et entouré d’une enceinte, surveille déjà depuis longtemps, mieux que toute autre forteresse, le cours de la Dordogne. Richard Coeur de Lion offre alors la châtellenie de Beynac au routier Mercadier, l’un de ses plus fidèles compagnons, auquel il avait confié la garde de ses châteaux d’Aquitaine durant son absence. En 1200, Mercadier est assassiné à Bordeaux par un autre chef de bande, le château revient alors à la famille des Beynac, sans doute à des neveux d’Adémar.
2 – La grande frontière
En septembre 1214, moins de deux mois après la victoire de Philippe Auguste, à Bouvines, sur une coalition en partie financée par le roi d’Angleterre, Simon de Montfort, qui conduit la croisade contre les Albigeois, se dirige vers le Périgord méridional. La région est alors située aux limites entre le comté de Toulouse, qu’il a conquis en 1213, et le duché d’Aquitaine, possession des Plantagenêt. Simon de Montfort s’empare successivement des proches châteaux de Montfort, Domme et Castelnaud et arrive enfin devant Beynac, tenu, selon Pierre des Vaux de Cernay, par un seigneur « très mauvais, pilleur très cruel, et très violent oppresseur de l’église ». Sur cette grande Frontière que représente la Dordo
gne, taxer les seigneurs locaux d’hérésie est une excuse facile afin de soumettre la Région. Bien que le seigneur de Beynac n’offre aucune résistance et proclame qu’il est « le seul sur cette terre à servir le roi de France et non pas le roi d’Angleterre », Simon de Montfort décide de raser, ou plutôt, selon le terme de Pierre des Vaux de Cernay, d’humilier les sommets du donjon et des remparts. Sur l’intervention probable du roi de France, le château reste cependant aux mains des Beynac. Loin d’être anéantis par la croisade, ces derniers connaissent bientôt une période de grande prospérité, dont témoignent les nombreux agrandissements du logis seigneurial. A partir de 1241 cependant, la châtellenie, dont fait partie l’étonnant et superbe château de Commarque, est divisée entre deux frères, Gaillard et Mainard de Beynac. Les deux branches ne seront à nouveau unies qu’en 1379.
3 – La Guerre de Cent Ans
Vassaux de l’évêque de Sarlat, les Beynac demeurent tout au long du conflit fidèles au roi de France. Leurs principaux ennemis sont les seigneurs du trop proche château de Castelnaud, passé par mariage à la famille agenaise des Caumont et défendant ainsi de fait le parti du roi d’Angleterre.
S’épiant de chaque côté de la Dordogne, les deux châteaux fédèrent autour d’eux les nobles du Périgord, en une lutte où il est difficile de déceler ce qui tient des haines locales ou du conflit entre les rois de France et d’Angleterre. Le château de Beynac n’est jamais attaqué, tandis que celui de Castelnaud tombe à plusieurs reprises aux mains des Français et des Anglais, jusqu’en 1442, date à laquelle Pons de Beynac et cinq autres barons, sur ordre de Charles VII, chassent définitivement les Anglais du château de Castelnaud. Lafamille des comtes de Périgord ayant été éliminée durant la guerre, les quatre plus importantsbarons, ceux de Biron, Bourdeille, Mareuil et Beynac, constituent une entité floue à la tête de la région. La fin du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle sont marquées par leurs querelles pour le titre de premier baron du Périgord.
4 – Des Guerres de religion à nos jours
Convertis au protestantisme, Les seigneurs du château de Beynac participent aux nombreux conflits qui ensanglantent le royaume à la fin du XVIe siècle. En 1585, sur ordre du roi de Navarre, les défense du château, qui sert à plusieurs reprises de refuge ou de prison, subissent de grandes transformations. Le rôle des Beynac est néanmoins peu important, à l’ombre des hauts faits de capitaines tels que Blaise de Monluc pour les catholiques ou Geoffroy de Vivans pour les Huguenots.
Le Château de Beynac
Au XVIIe siècle, Isaac de Beynac s’engage dans la révolte de Rohan puis soutient le prince de Condé durant la Fronde. Mais l’histoire s’éloigne de Beynac. Après la mort en 1753 du dernier héritier mâle, ses possessions passent, par le mariage de sa fille, à la famille des Beaumont. En huit siècles, les Beynac n’auront finalement laissé que leur château comme témoin de leur histoire. Les Beaumont, eux, abandonnent la forteresse jusqu’à la fin du XIXe siècle. Un marquis de Beaumont réside alors à nouveau au château de Beynac et y mène une importante campagne de restauration…qui le conduit à la faillite. Ses descendants ne peuvent plus dès lors entretenir le château qui, classé monument historique en 1944, est racheté par un particulier en 1961.